Toujours pas de colis, la livraison est prévue pour lundi ; tant pis, on a de quoi s'occuper quand-même ! Le Paternel m'a apporté un trésor qu'il a trouvé non pas dans l'épave d'un galion coulé au fond du Rhin, mais dans une prison ! Par contre je ne peux pas dire laquelle, en cette période d'évasions rocambolesques, il ne serait pas bienvenu de révéler que les outils sont fournis aux taulards en mal d'air frais ! Comme vous pouvez le voir, la fée Corrosion est passée par là, et elle a plutôt bien fait son boulot...
J'avais aussi en stock ce gros marteau de quelques kilos qui attendait patiemment de reprendre du service, issu sauf erreur de l'héritage des ancêtres arboisiens. Vu sa tronche et les éclats dans la table, il a du servir plus souvent à faire n'importe quoi qu'à forger quoi que ce soit !
Alors comme je me suis tapé récemment quelques kilomètres de châssis de camion à dérouiller à la brosse métallique, et que je suis devenu allergique à cette pourtant saine activité, il était strictement hors de question de brosser, gratter, poncer, frotter, etc ! Cahier des charges : un système en mode passif, pour pouvoir jouer un rôle tranquille de complément d'agent en phase observatoire ;-)
Voici donc le système qui bosse pour moi : rien de compliqué ! Une vielle alim de pc un peu bricolée, un seau, de la flotte, des cristaux de soude pour rendre l'eau conductrice, et un vieux morceau de fer à béton pour faire une anode... Le rôle de cathode étant assuré par la pièce à dérouiller elle-même.
Et c'est parti pour l'électrolyse ! Quelques bubulles, ce n'est pas très violent...
Au bout d'un moment, la soupe magique prend des allures de lessive, mais ça ne va pas assez vite à mon goût...
Comme je soupçonne le fer à béton d'être trop gros et trop rouillé pour faire une bonne anode bien conductrice, et que de toutes façons le bac est un peu petit, ni une, ni deux, on passe à la V2. Un grand bac et une grille de four plus loin, premiers essais. Là, c'est autre chose, on dirait que le marteau se prend pour un tube de comprimés effervescents ! Ca ne se voit pas très bien en photo, mais ça envoie du lourd !!
Au bout de quelques minutes :
Après une petite heure, on voit déjà une belle progression, mais je n'ai toujours pas envie de brosser, donc retour au bain.
Un peu plus tard, "tiens, un poinçon !" Pas facile à déchiffrer, mais on peut lire CLAUDINON, et 70 de l'autre côté du marteau. Après une grande enquête de trente secondes (merci Google), il semblerait que mon marteau soit sorti de cette vieille usine du Chambon-Feugerolles, près de Saint-Etienne. La classe, non ?! Par contre le 70 est un mystère... Ce n'est pas le poids, et Claudinon a fermé ses portes en 1963. Alors ? Avis aux connaisseurs, toute information sera la bienvenue !
Un peu plus de deux heures, ça commence à être vraiment pas mal, je lui ai donné un léger coup de brosse, mais léger, hein ! on voit encore quelques traces d'oxydation. Pas de pitié, re-plongeon pour une demi-heure.
Et voilà ! Comme neuf, en sifflant les mains dans les poches !
Adopté par Luka, futur Grand Maître de forge, seulement 5 mois et déjà plus lourd que le marteau. Et vu le gabarit de ses parents, d'ici quelques années pour lui ce sera un marteau de lopette, et ça va cogner fort chez Tonton Kromagnon ;-)
Aux scientifiques : cette tresse de masse soit-disant en cuivre a servi à relier à l'alim (borne -) la pièce à dérouiller (donc cathode). Si je comprends bien, je me suis encore fait avoir ?!
Le reste des trouvailles de l'âge du fer est en cours de traitement, mais il va falloir attendre un peu pour voir le résultat... L'alim a en effet rendu son âme, elle a tellement travaillé qu'elle a pris un coup de chaleur, puis dans un dernier souffle, sans prévenir, elle a dit son dernier mot, "couic". Paix à ses diodes, et bon voyage à la déchetterie pour un échange standard dès que possible !